Une maison

Dans une scénographie d’une sidérante beauté, Christian Rizzo signe une pièce mémorable et bouleversante et prouve qu’il est aujourd’hui l’un de nos plus grands chorégraphes.

D’abord, il y a un vaste espace où se croisent quatorze interprètes d’une vitalité incandescente. Un sol blanc comme une page vierge, prêt à accueillir toutes les rencontres. Avec un toit en forme de structure lumineuse qui évolue en permanence avec son propre rythme, comme la musique de Pénélope Michel et Nicolas Devos, prégnante et enveloppante. Au fond, un monticule de terre énigmatique… Ce serait un peu comme une maison dont les murs invisibles abriteraient une multitude d’histoires se déroulant simultanément, à un, à deux, à trois, à quatre, ou à tous…

Dans cette « maison de la danse », Christian Rizzo convie des hommes et des femmes de tous âges et traverse la question du collectif face aux solitudes. Cette belle communauté humaine, corps commun protéiforme, se nourrit des arrivées des uns et des départs des autres, dans un flux continu de mouvements où les errances solitaires sont contredites par de joyeuses bousculades. Plus tard, le spectacle prend une tout autre dimension : le plateau devient forestier, les vêtements passent progressivement du noir à la couleur, de grands chapeaux pointus et d’étranges masques couvrent les têtes et les visages. Dans ce carnaval fantastique, entre Goya et Ensor, on se prend les mains pour une émouvante farandole jusqu’à la surnaturelle apparition finale. Un chef-d’œuvre plastique et chorégraphique !