NOUVELLE ESTHÉTIQUE DE BÂTIMENT, EXTENSION DES LIEUX : LE THÉÂTRE DESSINÉ PAR BLOND&ROUX S’INSCRIT, AVEC SON PARVIS REMODELÉ, COMME UN ESPACE TOTALEMENT OUVERT AU REGARD, DU DEHORS COMME DU DEDANS.
Il s’est agi bien sûr de restructurer un équipement identifié "théâtre", mais également comme une maison accueillante et ouverte à la population, aux artistes, aux équipes.
La rénovation de la salle trouve ses motivations dans de multiples nécessités, techniques, de sécurité, et évidemment artistiques. Le changement radical de configuration du rapport scène/salle proposé dans le projet est une réponse à des contraintes matérielles qui étaient parfois insurmontables (visibilité, acoustique). Une pente douce du gradin, une connexion directe du public avec le plateau, offrent des conditions de représentation répondant aux formes pluridisciplinaires contemporaines.
Pour ce qui est de l’aménagement d’autres espaces, nous avons cherché à améliorer les conditions de circulation interne du bâtiment, de fonctionnalité, en exploitant toutes ses possibilités, et en lui en attribuant de nouvelles.
Un théâtre ouvert sur la ville, c’est aussi un théâtre qui puisse être un lieu de vie et de convivialité qui dépasse la stricte « consommation » de spectacles, une maison dont le cœur est la scène, rendue accessible parce que l’on peut aussi y débattre, y flâner, y prendre un verre, y consulter des documents...
Les nouveaux espaces d’accueil tels qu’ils sont proposés ne sont plus le lieu de passage entre achat du billet et fauteuil dans la salle. Ces espaces ouvrent pour demain l’opportunité d’un lieu multifonctionnel : l’accueil-billetterie, un bar bien sûr, un salon où organiser les rencontres entre artistes et spectateurs, un lieu d’information multimédia, une librairie où trouver livres d’art, catalogues des expositions des musées… Cet espace « foyer » au sens le plus littéral du terme est un espace aux modulations diverses, partagé : on peut s’y donner rendez-vous pour bavarder, s’informer, écouter un concert impromptu, assister à une performance en croquant un sandwich. Toutes ces activités ne sont pas à strictement parler de la « programmation », mais elles s’inventent, trouvent leur pertinence, en lien avec les acteurs culturels, mais aussi économiques de la ville.
Nous pensons que cette transformation du rapport des publics, des passants, des badauds, des commerces, du futur centre ville avec le théâtre nous enrichira mutuellement. Au-delà de la stricte réponse à des nécessités de mètres carrés, c’est la perspective d’une relation dynamique des habitants avec leur théâtre qui a soutendu toute notre réflexion. Un théâtre qui se projette dans l’avenir et ouvre d’autres possibles à ceux qui l’habiteront dans les trente années qui viennent.
L’idée d’envelopper l’ancien théâtre d’une nouvelle peau de verre transparente a semblé fondamentale aux architectes. Elle permet de créer une porosité entre l’intimité du bâtiment et l’extérieur. Les passants voient ce qui se passe à l’intérieur et les occupants du théâtre ont un regard sur l’environnement urbain en permanence. Symboliquement, c’est une façon d’écarter l’effet intimidant que provoque un bâtiment dont on ne devine rien du dehors. La nouvelle peau de verre est aussi le moyen d’uniformiser l’extension nécessaire aux nouvelles fonctionnalités du théâtre et l’ancien bâtiment.
Le hall largement ouvert englobant l’espace du bar a été conçu pour être le plus « domestique » possible tout en étant en capacité d’accueillir 700 personnes ! Pas de circonvolution compliquée, des déambulations ouvertes les unes sur les autres, des petits recoins plus intimes tant dans le bar au plafond plus bas que sur la coursive : tout est pensé pour ne pas se perdre, s’y donner rendez-vous et se retrouver facilement. Les coloris (beige du sol, blanc cassé des murs, rouge du bar) s’associent dans une unité véritable. L’ensemble du bâtiment est accessible aux personnes à mobilité réduite, côté public, comme côté scènes.
Des loges confortables, en proximité directe avec les deux scènes et toutes éclairées de lumière du jour, des sas d’entrée en scène créés pour un meilleur confort de circulation des artistes pendant les représentations, des espaces de manœuvre des décors, d’entretien des costumes, de stockage de matériel, une salle d’échauffement pour les artistes.
Dans un calendrier très serré, il aura fallu près de trois ans entre le moment où la décision de rénover le théâtre est prise et sa fermeture pour travaux en avril 2011, et encore trois ans pour réaliser les travaux. Un élément majeur était posé avec le fait qu’il fallait conserver une trace du théâtre de 1963 et le restructurer, non l’abattre et le reconstruire entièrement. Cette contrainte était d’abord symbolique (garder la mémoire des lieux) et financière (coût d’opération 50 % moins cher qu’une démolition / reconstruction d’un outil équivalent).
C’est un faisceau de raisons diverses qui a conduit à la rénovation du théâtre construit en 1963.
Devant l’ampleur des travaux incontournables, le programme architectural a acté la restructuration comme un véritable enjeu de nouvel équipement, avec des fonctionnalités modernes.